Abbaye de Conques FLEURY / SOULAGES

Introduction

C’est avec l’artiste français Pierre Soulages, mondialement célèbre pour son travail pictural sur le noir-lumière, que Jean-Dominique Fleury entame un travail de collaboration avec de grands noms de la création contemporaine. Dans le cadre d’une commande de l’Etat pour un monument historique, sa mission portera sur la réalisation des 104 vitraux de la basilique romane de Conques.

L’heureuse synergie des talents aboutira, trois ans plus tard, métamorphosé par ses nouvelles ouvertures, à la résurrection du lieu. Célébré par une presse abondante, le site accueille chaque année des milliers de visiteurs et fait en quelque sorte, dix siècles après les pèlerinages de Compostelle, l’objet d’un nouveau culte.

Le matériau

Afin que la lumière procède de la masse même de la matière et non directement du soleil, le verre employé à Conques n’est pas transparent mais translucide. Par ses qualités de transmission diffuse, il permet d’isoler l’espace intérieur de la basilique, de l’affranchir du dehors, de le recueillir sur lui-même tout en évitant à l’unité chromatique

de la pierre, vue de l’extérieur, d’être parasitée par de trop violentes diaprures. Spécialement créé en laboratoire selon la technique de la granulation, le verre présente des zones de cristallisation plus ou moins dense permettant de nuancer la lumière diffusée. Chaque plaque de verre est d’une épaisseur d’environ 8 millimètres..

La méthode

Une connaissance infaillible du matériau, une solide aptitude à l’écoute, mais aussi, bien souvent, une intuition propre à prolonger la volonté d’autrui, telles sont les qualités requises au bon déroulement d’une collaboration. Pour tous ceux de l’atelier Jean-Dominique Fleury qui travaillèrent aux côtés de Pierre Soulages, les exigences furent multiples : ils durent élaborer de nouveaux gestes, les contrôler, réformer leurs habitudes, inventer puis guider de nouveaux outils. L’originalité du projet de Conques nécessita, préalablement au travail du

verre, la construction de maquettes à échelle réelle. Sur de grands panneaux de bois, des bandes de scotch noir patiemment positionnées pré-figurèrent l’emplacement des plombs et des barlotières dont les lignes donneront leur forme aux futurs vitraux. C’est aussi à cette extension du champ d’application technique que le verrier dût apporter ses soins, faisant preuve de sa maîtrise aussi bien pour les esquisses préparatoires que pour l’exécution finale.