Dossier de presse FLEURY / SOULAGES
« Architectures de lumière, vitraux d’artistes 1975-2000 »
Sous la direction d’Anne-Marie Charbonneaux et de Norbert Hillaire, 2000
Dès le début, je n’ai été animé que par la volonté de servir cette architecture telle qu’elle est parvenue jusqu’à nous, en respectant la pureté des lignes et des proportions, les modulations des tons de la pierre, l’ordonnance de la lumière, la vie d’un espace si particulier. Le but de ma recherche a été de les donner à voir…
… Vus de l’extérieur, ces vitraux ne sont plus les surfaces noirâtres habituelles. Le verre, parfaitement blanc, prend la couleur bleutée de la lumière naturelle qu’il reflète.
Il est plus sombre dans les zones où la réflexion est plus faible. Les relations de ces couleurs avec celles de l’architecture sont de deux natures. Parfois des rapports ton su ton, les mêmes colorations se retrouvant dans les ardoises du toit, et dans certaines pierres des murs. Parfois des accords de complémentaires (accord bleu-orangé) dans d’autres parties du bâtiment où dominent les couleurs chaudes de la pierre…
Pierre Soulages, extrait de « Architectures de lumière, vitraux d’artistes 1975-2000 »
« Conques, les vitraux de Soulages »
Textes de Christian Heck et de Pierre Soulages, 2000
Conques est le lieu d’une de mes premières émotions artistiques. Lorsque la commande publique de vitraux pour cette abbatiale m’a été passée, j’ai décidé de faire une analyse objective de l’architecture pour mettre en retrait l’affectivité liée aux souvenirs d’enfance. Je suis alors retourné plusieurs fois à Conques dans un autre état d’esprit, un mètre à la main en quelque sorte.
Cette analyse a confirmé l’importance de l’organisation de la lumière dans ce bâtiment. Si d’aventure on avait été tenté d’y faire des vitraux conçus comme des peintures vues par transparence, un examen attentif en aurait dissuadé…
Pierre Soulages, extrait de « Conques, les vitraux de Soulages »
« Soulages, verre, cartons des vitraux de Conques »
Musée Fabre, Montpellier, 2010
…Ce qui se passera au cours de ces trois années sera, à chaque étape du travail, imprévisible. A la hauteur de la puissance de la charge du départ.
Le résultat va nous dépasser.
Il va falloir repenser nos habitudes. Le matériau nous y contraindra par sa force. Le verre de Soulages, lourd comme une dalle, a guidé, dicté le respect qu’on lui a accordé.
Lorsqu’on la met contre un mur, elle est comme une stèle, comme une élévation.
Lorsqu’on la coupe, il faut être fort, calme, tout à elle.
Propos recueillis par Marie Didier dans l’atelier du peintre verrier Jean-Dominique Fleury, juin 1994, extrait de « Soulages, verre, cartons des vitraux de Conques »
Die Fenster von Conques, catalogue « Soulages Lebendiges Licht »
Westfälisches Landesmuseum, Münster, 1994